Prix ADAGP et SNBA
14 Déc. 2014 Carrousel du Louvres
Espace dédié à LI CHEVALIER au Salon de la Société Nationale des Beaux Arts
Vernissage 11 Dec. 2014 Carrousel du Louvre
La Nationale des Beaux Arts dans l’art international de son Salon, offre un espace à LI CHEVALIER qui tisse à travers son Œuvre, le magique lien, France-Chine, en signes yin et yang. Les stèles lumineuses de LI CHEVALIER installées en bel ordre, préface de notre exposition, invitent au voyage vers les contrées de nos cimaises. Sur ses « stèles poèmes », le céleste pinceau de l’artiste, met en belle forme des écrits de poètes chinois et fait échos aux vers « Stèles » de Victor Segalen.
La peinture est une pensée en action, énonce François Chen dans ses écrits qui unissent la pensée orientale à celle de l’occident.
LI CHEVALIER, la pensive, réalise dans ses œuvres cette osmose des pensées de nos deux cultures. La plume et le pinceau de ces talentueux alchimistes de la beauté, nous révèlent que sous des costumes et coutumes différents, les âmes sont semblables, peut-être, parce que les êtres de toutes terres rêvent sous un même ciel…
C’est dans ce firmament que LI CHEVALIER trace d’ésotériques signes noirs, chantant dans le silence orchestral du vide habité de ses peintures. Celles-ci ont cette force éclatante, émouvante, transcendante, des créations chuchotant les confidences de l’indicible.
Victor Segalen, en sympathie avec la culture Chinoise, conte dans ses poèmes que « le transfert de l’Empire de Chine à l’Empire de soi-même est constant » et que « l’être et la vie débordent la connaissance ».
L’Emprise de la vie intérieure de la peinture de LI CHEVALIER, au-delà de la connaissance, dans l’Empire de nos émotions, est constante au plus profond de nous-même.
Michel King Président Société Nationale des Beaux Arts
Stèles de lumière par Li Chevalier
Marc Fontana
Deux stèles font exception. Il s’agit de la première et de la dernière stèle du livre, réalisées par Li Chevalier. La première stèle, Sans marque de règne, ouvre l’exposition. Ce poème, comme l’écrit Henri Bouillier, est un raccourci de l’esthétique de Segalen[1] . Il y annonce, comme « conseil au bon lecteur » de Stèles, que « le transfert de l’Empire de Chine à l’Empire du soi-même [y] est constant [2]». La dernière stèle Nom caché, où l’être et la vie débordent la connaissance, clôt le cycle des poèmes et annonce la suite de l’exposition dans la salle sous-jacente à la salle Jigu où Li Chevalier a réalisé une installation de quatre-vingt une stèles. Ce chiffre, on le sait, a été choisi par Segalen pour le tirage de l’édition princeps de son livre. Il correspond au nombre des dalles du dernier cercle de la troisième terrasse de l’autel du Temple du Ciel à Pékin[3]. La scénographie de Li Chevalier vient donc rappeler cette référence à l’Empereur, constante dans le livre, sous-jacente à l’oeuvre.
Li Chevalier avait déjà réalisé dans ses deux dernières expositions, à Pékin et à Shanghai[4], des installations de stèles, stèles de papier encollé sur support métallique et éclairées de l’intérieur, stèles montrant des poèmes calligraphiés
Cette artiste a inscrit la poésie dans son œuvre, en premier lieu par le nom qu’elle s’est choisi (son nom chinois est Shi Lan, Shi 诗signifiant poésie). Dans ses expositions et ses catalogues, ses oeuvres sont souvent accompagnées de poèmes. Li peint des paysages à la fois très ouverts et très intériorisés qui donnent à voir une pensée du monde proche du bouddhisme chan. Ces paysages métaphysiques désorientent ou exaltent le spectateur et le renvoient à sa propre respiration « comme au ciel du jour, les paysages sereins ou orageux des ciels à venir »[5]
Souvent ses peintures sont marquées de signes où l’on peut reconnaître des croix, des traits figurant des poteaux, des barrières, des bancs, des arbres effilés comme de légères flammes, mais qui ne sont en fait qu’incisions dans le paysage où le blanc et l’espace dominent.
Incisées et insérées dans le paysage sont aussi les stèles. Repères fixes, elles forcent de s'arrêter, elles sont une pause, une ponctuation dans la lecture de l’espace. On s’en approche, on les consulte, comme on consulte les étoiles avant de poursuivre son chemin, un chemin auquel elles offriront, sinon une direction, du moins la halte qui laissera dans la mémoire l’empreinte d’un passage.
Les stèles de Victor Segalen disent cet empire intérieur du poète où « siège le trône de son cœur ». S’y inscrit le plus essentiel, le plus profond, le plus caché, une vérité immanente que le poète attribue aussi aux caractères gravés sur les stèles « qu’ils pénètrent d’intelligence ». « Ils n’expriment pas ; ils signifient ; ils sont ». Ils laissent au lecteur les seules « empreintes qu’on dérobe » à la pierre, écrit-il encore dans sa préface.
Les stèles de Li Chevalier nous éclairent au plein sens du terme. Elles nous renvoient une lumière qui intensifie le regard que nous portons sur elles. A défaut d’ombre portée, pour « mesurer le moment du soleil »[6], ces stèles nous mettent nous-mêmes en lumière sans que notre ombre puisse en diminuer la lecture. Il en est ainsi du poème qui s’imprime en nous quand nous le lisons et en ce sens cette lumière qui vient de l’intérieur des stèles de Li Chevalier est d’une fidélité remarquable aux propos mêmes de Victor Segalen : « La lumière qui le marque ne tombe point du Cruel Satellite et ne tourne pas avec lui. C’est un jour de connaissance au fond de soi : l’astre est intime et l’instant perpétuel »[7]
[1] Henri Bouillier. Victor Segalen. Mercure de France, 1961 et 1986
[2] Victor Segalen. Lettre à Henri Manceron du 23 septembre 1911
[3] Neuf, le chiffre sacré de l’Empereur, multiplié par lui-même.
[4] Pékin, Musée national des Beaux-Arts, décembre 2010 ; Shanghai, Musée des Beaux-Arts, septembre 2011.
[5] Victor Segalen. Préface à Stèles
[6] Victor Segalen. Préface à Stèles. Référence à l’un des deux premiers documents écrits où apparaît le caractère bei (stèle).
[7] Victor Segalen. Préface à Stèles
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